Un autre pulvérisateur à préparation biodynamique, rencontré en Dordogne !
Michel Prouillac est installé en viticulteur sur un domaine familial de 12ha en Dordogne, en Bio, et en biodynamie depuis 2012. Il a commencé l’autoconstruction avec ses hangars et sa maison, et y a très vite prit goût pour le côté économique et l’adaptation fine à ses besoins spécifiques, qui lui fait gagner énormément de temps !
Michel avait décidé lors de son passage en biodynamie d’acheter son dynamiseur (car obtenir une bonne alternance de vortex et chaos semblait difficile en autoconstruction) mais de fabriquer intégralement son pulvérisateur, traîné par quad. Il s’est donc lancé dans un grand chantier qui ne s’est toujours pas fini, cette construction ne cesse d’être améliorée tous les ans par Michel qui est fier de sa réalisation ! Il permet de pulvériser aussi bien la 500, qui s’applique au niveau du sol, que la 501 qui doit être appliqué dans les airs, sous forme de brouillard.

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Construction
Châssis
Le chassis est consitué d’une base construite à partir de ferraille neuve, acceuillant les roues, la pompe, tout le système de distribution, l’attelage « boule » (qui permet de tourner plus serré en bout de rang) et la cuve. Le berceau de la cuve a été cintré par des professionnels dans un atelier équipé. Trop de longueur a été cintrée, ce qui était en trop a été utilisé pour faire les jambes de force, cela donne un aspect esthétique agréable !
Le lien entre cette base et les bras montant est fait d’un arceau de tracteur récupéré. Michel avait un peu peur pour cette soudure particulièrement importante, et a donc décidé de prendre une pièce toute faite, et normalement très résistante.

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Cuve
la cuve fait 220L, ce qui est trop grand car le dynamiseur ne fait que 110L. Elle date de 1936, et a été trouvée sur un vieux pulvé jetté dans les années 60 et qui trainait dans les ronces… Le châssis tombait en morceaux, mais la cuve en cuivre était en bon état. Après un passage à l’acide phosphorique, et le rebouchage des micro-trous avec de la soudure inox, la cuve est comme neuve et peut servir.
Pompe et distribution
La biodynamie interdit le retour du produit en cuve. Et la pulvérisation des deux préparats principaux ne se fait pas aux mêmes pressions, Michel met 9 bars pour la 501 et 7 bars pour la 500. Et il dispose d’une pompepouvant monter à 11bar.
Pour faire marcher tout ca, il a fait un système de retour sur pompe avec un régulateur qu’il a acheté chez S21. Le préparat sort de la cuve, passe dans le filtre (1), arrive dans la pompe (2), puis dans le régulateur (3) qui envoie le preparat à la pression voulue vers les buses (4b), et redirige l’excédent vers la pompe (4a).

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Pulvérisation
On a donc vu que ce pulvérisateur est adapté pour la pulvérisation de deux solutions différentes : la 500 et la 501.
1) la 501
Pour ce préparat, il faut un brouillard très fin qui retombe sur les feuilles. Ceci est obtenu en disposant des buses en hauteur au dessus du feuillage. Ces buses sont disposées sur des bras qui sont repliés pour le stockage et déplacement, et levés au champ.
La solution qu’avait adopté Michel par le passé était un levier sur lequel il mettait tout son poids, pour lever les bras. Ce système a été remplacé cette année par un treuil et un rail, en quelques tours de manivelles les bras montent et descendent sans problème !
Lorsqu’il roule pour aller ou revenir de la parcelle, il attache les bras entre eux avec un tendeur.
Michel avait pour habitude de rouler vite en pulvérisant, mais avec une envergure de 6m, les vibrations au bout des bras sont très importante, et beaucoup de pièces se cassaient. C’est pour celà que l’on vois différents renforts en fer plat. A force d’amélioration continue, il est arrivé à un système qui permet beaucoup de souplesse, à l’aide de ressorts. Les bras bougent maintenant plus comme des ailes d’oiseau que des ailes de mouche ! Ce système fait jouer deux ressorts, un principal sur le bras de levage, proche de la base de l’axe, qui encaisse les plus gros chocs, et un petit, à mi longueur du bras, qui permet à l’extrémité de bouger indépendamment du reste, et qui encaisse les vibrations. Pour renforcer cet effet, le bout du bras est haubané sur ce ressort.

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Mais une telle longueur de bras ne risque pas seulement de casser à cause des vibrations, elle peut également accrocher les arbres du vignoble ! Pour éviter de tout casser, un ressort a aussi été installé pour la mobilité horizontale des bras ! Ce système recycle une pièce de désherbage intercep, en l’alliant à un ressort. Grâce à ce système, il suffit de ralentir face aux obstacles, nul besoin de s’arrêter totalement et de replier les bras !

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les jets sont montés sur des chambres à air, ce qui évite qu’ils glissent sur la rampe. Michel ne se souvenais plus de la marque des buses. Il met une pression de 9 bar sur le régulateur, et roule environ à 10km/h tous les 4 rangs, avec une dose d’environ 20L/ha. Son organisation avec son chauffe eau, son dynamiseur et son pulvé lui permet, à partir du produit acheté, de réaliser toutes les étapes du processus pour pulvériser ses 12ha, en seulement 3h !
2) la 500
La 500 est une préparation qui s’adresse au sol, et qui ne se fait que peu de fois dans l’année. Michel ne la pulvérise pas en hauteur comme la 501, mais plutôt directement au niveau du sol. Il a fabriqué un système à partir d’un moteur d’essui glace de C15, fait un jet qui balaye au niveau du sol sur plus de 4 rangs. Ce système se monte en plus de l’ensemble de la structure du pulvé, et est amovible.
Pour cette préparation, il met le régulateur sur 7 bars, et roule à environ 8km/h

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Amélioration prévue:
remettre l’arceaux de sécurité du tracteur à 90°, pour éviter de déporter le poids vers l’arrière, à l’heure actuelle ca patine un peu en montée.
Coût
Ont été acheté : la feraille du châssis, la batterie, le treuil, les buses et la pompe. Les ressorts des bras de levage ont été commandés sur mesure à une boite en dordogne, pour 150€. Tout le reste est de récup. Michel ne se souvenais plus des prix d’achat, mais ce qui est sur c’est que c’est bien moins cher que tout ce qu’on trouve sur le marché, avec moins de fonctionnalités !
Pour aller plus loin
Des vidéos ont été faites sur ce pulvé
En 2015, le système d'escamotage était à sa première version, il y avait un levier et non un treuil pour lever les bras, et les buses de 500 ne fonctionnaient pas de la même manière
https://www.youtube.com/watch?v=xXFfbObdyH0
En 2014, le ressorts principaux n'étaient pas placés au même endroit, les bras étaient bien moins souple qu'à l'heure actuelle !
https://www.youtube.com/watch?v=vDiQbVkIREw
Ces travaux de recensement bénéficient du soutien financier de l’Europe et du Réseau Rural National, par le biais de la Mobilisation Collective pour le Développement Rural coordonnée par l’Atelier Paysan sur "L’innovation par les Usages, un moteur pour l’agroécologie et les dynamiques rurales" (2015-2018), dont la FNCUMA, la FADEAR, l’InterAFOCG, AgroParisTech et le CIRAD sont partenaires.
