Voici une gamme d'outillage pour motoculteur intéressante autoconstruite par Jérôme, maraîcher en Moselle.
La base : le motoculteurJérôme est s'est lancé dans la production maraîchère en 2013, directement en bio. Il a récupéré une friche arborée de 15 ares qu'il a déboisée et aménager en jardin maraîcher. Il travaille en parallèle sur un terrain de 70 ares cultivées en lentilles, oignons et pommes de terre. Les produits sont commercialisés en vente directe sur la ferme et sur un marché, et Jérôme approvisionne également un restaurateur local.
Les sols de la ferme sont relativement lourds et Jérôme fait face à des problèmes d'engorgement et de battance. Des conditions qui l'ont poussé à mettre en place cette gamme d'outils associée à un itinéraire cultural sur planches permanentes de 90 cm.
C'est un modèle Ferrari (moteur Lombardini 12,5 Chx) de 200 Kg. Il a la particularité d'être très découplé et a donc la capacité d'avancer très lentement avec beaucoup de puissance. L'objectif de Jérôme était de ne pas toucher au châssis originel du motoculteur, il l'a simplement rehaussé en le fixant sur un châssis secondaire. Deux chaînes de transmission relient les anciens moyeu (blocage différentiel) aux deux demi-axes sur lesquels sont montées les roues. Pas de découplage a été réalisé (diamètre du pinion moyeu= diamètre du pinion demi-axe). Ce rehaussement permet d'élargir la voie du motoculteur pour l'adapter à la largeur de planche.
Un porte-masse et des masses de tracteur (2*10 Kg) ont été rajoutés à l'avant pour faciliter le relevage des outils. Note sur l'élargissement de voie des motoc :
Il existe dans le commerce des kits d'élargissement de voie, mais dans le cas de Jérôme, un prolongement des axes aurait représenté un point de faiblesse lors de travaux de traction intenses. La mise en place d'un châssis secondaire donne une meilleur résistance aux roues.
Accessoire principal : la buteuse à planches combinée
La fraise
Le motoculteur possédait déjà une fraise fixée à l'arrière et entraînée par prise de force. Les outils travaillants situés derrière la fraise sont fixés sur le capot de protection. Les butoirs
A l'arrière de la fraise sont positionnés deux disques buttoirs orientés à 30° environ par rapport au sens d'avancement. Avec un dispositif de décrottage réglable. Le rouleau émietteur
Il fait environs 1 m de large. Il faut aussi office de terrage pour les autres outils travaillants. Sa position est réglable par un tendeur.
Les dents de sous-soleuses
Entre le châssis du motoculteur et la fraise, Jérôme a fixé deux dents composées d'un fer plat (40*4 mm) terminé par un plat en T à l'envers. Les dents sont boulonnées sur une barre qui peut soit se verrouiller en position basse pour le travail (sous-solage à 22 cm), soit se soulever pour le transport. Une série d'accessoires qui pèse autour de 80 Kg.
Quels coûts ?
Jérôme a récupéré le motoculteur et tout ses accessoires (fraise + un broyeur à fléaux) pour 5000 euros.
Le châssis a été conçu avec l'aide d'un copain mécanicien-soudeur. Compter au total 2 jours de travail à deux.
Le motoc en action ?
Il est utilisé à la place d'un labour pour préparer des planches de cultures avant un semi ou une plantation. Il est utilisé en vitesse lente (1,5 Km/h env). Il ne peut pas passer sur des résidus de culture car les dents de sous-soleuse et la fraise bourreraient, mais il est très efficace pour détruire des jeunes adventices. Pour terminer la préparation du lit de semences et aplanir la planche, Jérôme donne en général un coup de râteau superficiel après le passage de cette moto-buteuse. Ce travail permet d'éliminer les résidus végétaux et les mottes de terre pour ensuite pouvoir passer un semoir de précision sans encombres. Vous pouvez visionner un passage du motoc bineur sur ce lien youtube.
Avantage du dispositif :
- Il est bien adapté à des sols lourds, de part son poids limité, son travail de décompaction en profondeur (sous-solage)
- Il est bien adapté au contexte de Jérôme, c'est à dire un maraîchage intensif en travail sur une petite surface.
Inconvénients :
- C'est un moteur puissant mais bruyant et qui fait beaucoup de vibrations,
- Le fait de rehausser le châssis et de mettre un système de transmission par chaîne entraîne un léger jeu des roues, qui est assez contraignant dans le contexte de Jérôme en léger dévers. (Il projette d'ajouter des galets tendeurs de chaîne pour éviter cela). Cela pourrait être beaucoup plus problématique dans un contexte caillouteux.
Autre accessoire : une remorque d'épandage
La cariole
Elle est attelée au motoculteur et utilisée pour épandre le fumier ou le compost. Jérôme lance le motoculteur en vitesse lente et marche derrière la remorque. Des coups de houe permettent de décharger progressivement le fumier le long de la planche.
Une opération assez physique puisque même en vitesse lente, le motoculteur met environ 1'30" pour parcourir une planche de 30 m. Ce qui implique de décharger l'intégralité de la remorque en un temps record ! Et la sécurité dans tout ça ?
Jérôme a mis au point un système d'arrêt d'urgence. La commande d'avancement est maintenue serrée dans un tube en pvc, relié à l'arrière de la cariole par un fil. En cas de pépin, il tire la ficelle et le motoculteur s'immobilise.
Un dernier accessoire : un broyeur à engrais verts
C'est une idée qui est encore à l'état de projet. Jérôme a récupéré avec le motoculteur un broyeur de 90 cm qui pourrait faire office de broyeur d'engrais verts. Il s'agit juste maintenant d'adapter l'attache du broyeur au motoculteur rehaussé.
Ces travaux bénéficient du soutien financier de l’Europe et du Réseau Rural National, par le biais de la Mobilisation Collective pour le Développement Rural coordonnée par l’Atelier Paysan sur "L’innovation par les Usages, un moteur pour l’agroécologie et les dynamiques rurales" (2015-2018), dont la FNCUMA, la FADEAR, l’InterAFOCG, AgroParisTech et le CIRAD sont partenaires.
